En raison d’un problème de santé Tom Carré sera remplacé par Gabriel Durliat. Il interprètera Le Tombeau de Couperin de Maurice Ravel en remplacement des Miroirs du même compositeur.
Enregistré lors de sessions nocturnes à La Scala Paris, Noctuelles est le premier disque du pianiste Tom Carré. Poète, le jeune artiste capte la fragilité de l’instant ; pianiste, il révèle la face nocturne de Maurice Ravel. Le cycle des Miroirs s’ouvre avec « Noctuelles », ces papillons de nuit dont le vol est aussi étrange qu’inquiétant. Ce programme a été enregistré pour le label Scala Music pendant trois longues nuits d’avril.
« J’étais membre du jury du concours de piano de Roubaix lorsque j’ai entendu pour la première fois Tom Carré. J’ai tout de suite été charmé par son jeu délicat, poétique, atypique, loin des canons habituels des candidats de concours. Je suis heureux de lui offrir la possibilité d’enregistrer son premier disque pour Scala Music. Révéler au mélomane un pianiste encore inconnu est à la fois une prise de risque et une excitation immense. »
Rodolphe Bruneau-Boulmier
Programme
Maurice Ravel Miroirs
Maurice Ravel Concerto en Sol dans une transcription pour piano et ensemble de percussion de Pierre-Olivier Schmitt, avec partenariat avec les élèves du Conservatoire de Drancy et ceux du Conservatoire Hector-Berlioz du 10e arrondissement de Paris.
Présentation par Iris Gilaber et Garance Martelet, élèves de khâgne option Musique du Lycée Fénelon à Paris
Les « noctuelles » sont des papillons de nuit fascinants par leurs pirouettes aériennes autant qu’inquiétants par la démence qui semble agiter leur vol. Créatures errantes qui, la nuit, virevoltent confusément, elles incarnent la figure du Rêve, dans sa folie comme dans son extravagance. Infiniment poétiques, ces êtres libres, qui volent en tous sens sans nécessité apparente, ont inspiré Ravel.
Celui-ci fait de ces papillons étourdis les guides qui ouvrent les Miroirs pour piano, ensemble de cinq pièces composées entre 1904 et 1906. Perdu dans une forêt sombre, un soir d’été, notre esprit se heurte ensuite aux étranges cris des « Oiseaux Tristes ». Puis « Une barque sur l’Océan » nous emporte dans les vagues agitées de la haute mer, jusqu’à nous amener au large des côtes d’Espagne, d’où nous pouvons entendre l’aubade enjouée de l’Alborada del gracioso. Enfin une douce harmonie nous ramène dans un espace onirique insaisissable : c’est « la Vallée des Cloches », lieu où le rêve se déchire, s’efface. Bientôt, celui-ci s’enfonce dans les méandres de la mémoire. Il s’oublie mais reste dans les profondeurs de l’être, comme le bruit lointain d’un battement d’aile de noctuelle.
Les papillons virevoltants poursuivent leurs pirouettes en nous frayant un chemin vers l’univers sonore dépaysant du Concerto en sol composé en 1931, monde qui confronte le modèle classique du concerto mozartien aux sonorités jazz importées des États-Unis. Œuvre ambitieuse autant qu’énigmatique, traversée par le chaos de la Première Guerre mondiale, le Concerto en sol fait l’objet, dans notre programme, d’un arrangement inédit pour ensemble de percussions et piano de Pierre-Olivier Schmitt, percussionniste, compositeur et professeur au Conservatoire de Drancy – cet établissement partenaire de La Scala Paris se produit ici en compagnie du Conservatoire Hector-Berlioz du 10e arrondissement de Paris. La transcription pour percussions exacerbe la couleur « légère et brillante » du concerto tel que Ravel l’envisageait.
Tom Carré, jeune pianiste élève de Denis Pascal, qui sort à cette occasion son premier disque sous le label Scala Music, embrasse avec une sensibilité bouleversante le cheminement des Noctuelles. On peut y voir le cheminement de la musique elle-même : une expérience où l’homme s’oublie dans le plaisir esthétique du son, où la raison s’endort dans une immersion acoustique envoûtante. Le temps se suspend. Nos sens s’électrisent sous les doigts virtuoses du pianiste dont le corps n’est plus que résonance à son art. À la fois tendre et mélancolique, saisissant et sublime, il confère au piano une force d’expression qui agite en nous les passions. Dans ce moment musical unique, Tom Carré saisit la fragilité de l’instant, le temps d’une expérience sensorielle et collective, dans la pénombre de la salle bleue de La Scala Paris.
Privilège Mélomane
